Le 6 novembre 2025, Starbucks a lancé une édition limitée de son Bearista Cold Cup à 30 dollars. Un simple petit ours en verre avec un bonnet. Rien de high-tech. Rien de révolutionnaire. Et pourtant, en quelques heures, les boutiques américaines étaient totalement dévalisées.
Des clients ont campé devant les magasins toute la nuit. D’autres se sont battus en rayon. Le marché de la revente a explosé instantanément, avec des annonces entre 500, 800, voire plus de 1 000 dollars sur eBay. Les vidéos sont devenues virales sur YouTube et TikTok. Les files d’attente faisaient le tour des bâtiments. Et la cup est devenue, malgré elle, le phénomène culturel de la semaine.
Starbucks a assuré avoir expédié plus d’unités que la plupart de ses articles de fêtes, tout en reconnaissant avoir sous-estimé la demande. Une seule phrase a suffi à attiser la frénésie : « Aucun réassort prévu. » Traduction pour les consommateurs : c’est maintenant ou jamais.
Ce qui ressemblait à une erreur de gestion des stocks s’est transformé en la meilleure opération de visibilité gratuite de Starbucks cette année-là.
La réaction immédiate de la concurrence
Les concurrents n’ont pas attendu. Ils ont senti l’opportunité et ont foncé.
Walmart a sorti des cups quasi identiques pour une fraction du prix. Son équipe social media a surfé sur la tendance avec humour. ALDI est allé encore plus loin en lançant une version “pain d’épices” à cinq dollars accompagnée d’un message piquant : « That Seattle-based coffee chain could neva ».
En moins de 48 heures, le drop Starbucks est devenu un terrain de jeu pour les retailers cherchant à détourner l’attention. C’est la nouvelle réalité : un product drop n’est plus un simple lancement. C’est un événement marketing en temps réel que n’importe quelle marque peut exploiter si elle réagit assez vite.
Quel impact pour la marque ?
Premier point : les ventes n’étaient pas le vrai succès. Le vrai succès, c’était le earned media.
Des millions de vues. Des milliers de vidéos créées par les utilisateurs. Une couverture presse massive quasi gratuite. Une vague de FOMO qui a poussé les consommateurs dans les Starbucks du pays et a saturé les réseaux sociaux pendant plusieurs jours.
Oui, certains clients ont râlé à cause du stock limité. Mais la rareté crée toujours de la frustration. Et dans la culture actuelle, la frustration reste une forme d’engagement.
La Bearista Cup ne s’est pas seulement vendue. Elle a rendu Starbucks culturellement incontournable d’une manière qu’aucune campagne de Noël classique n’aurait pu atteindre.
Elle a aussi créé un marché secondaire immédiat, où le produit s’est mis à se comporter comme un bien de luxe :
- rareté extrême
- désir émotionnel
- validation sociale
- inflation fulgurante des prix
Cette intensité émotionnelle rejaillit directement sur la marque.
La rareté court-circuite la logique. Les gens ne poursuivent pas la cup. Ils poursuivent le statut d’en posséder une.

Enseignements clés
Voici ce que toute marque, petite ou grande, devrait retenir de ce moment :
- La rareté ne fonctionne que si elle est réelle
La fausse rareté est un artifice que les consommateurs repèrent immédiatement. Starbucks est réellement tombé à court de stock, ce qui a rendu le phénomène crédible. - La vitesse redéfinit la concurrence
Walmart et ALDI ont montré que le plus rapide remporte la conversation culturelle. Si un concurrent crée un moment, sautez dessus immédiatement. L’humour aide. - Ne mesurez pas seulement les ventes
Le Bearista drop n’était pas une affaire de cups vendues. C’était une affaire de visibilité, de buzz social, et de millions d’impressions gagnées sans acheter un seul espace pub. - La culture va vite, les marques doivent aller encore plus vite
Si vos équipes ou vos circuits de validation sont trop lents, vous manquerez toutes les vagues. Un moment naît, explose et disparaît en moins de 72 heures. - La rareté est un déclencheur psychologique puissant
FOMO, exclusivité physique, objets de collection… ces leviers peuvent multiplier la demande par 2, 5, voire 20. Bien utilisée, la rareté peut transformer un produit banal en événement culturel.